Après de longues discussions à refaire le monde, au petit matin, Fernand Tuil et Ahmed Muhaisen ont une idée formidable ! Faisons un jumelage entre un camp de réfugiés palestiniens et une ville française… En 2005, la ville de Bagnolet signe le premier jumelage avec un camp de réfugiés au Liban – Chatila.

« Une lumière à Chatila » raconte, en images, quelques étapes de cette aventure humaine, entre 2005 et 2012.

45,00 

Additional information

Weight 1200 g
Dimensions 24 × 24 × 2,3 cm
Auteur

Tarek Charara

Impression

Bichromie

Pages

224

Éditeur

Étincelles éditions

ISBN

2-9523-8715-X

8 in stock

Des centaines de Palestiniens et de nombreux amis du monde entier se réunissent chaque année Place des Martyrs au Camp de Chatila. Ils y viennent pour commémorer l’anniversaire du massacre de Sabra et Chatila. Nous nous recueillons et nous souvenons de ceux qui ont perdu la vie si cruellement et nous assurons donc qu’ils ne seront pas oubliés tout en rendant hommage à leurs familles.

Mais, lors de passages si courts, tout entier absorbés par notre tristesse et par notre douleur, il se peut que nous oubliions que la vie n’a pas cessé après cet horrible événement. Le livre de Tarek Charara rend hommage à la vie au sein de Chatila.

Il s’agit également d’un livre sur l’amitié qui existe entre les Français et Chatila, entre les Français et les Palestiniens, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou juifs. Il montre que les barrières peuvent être mises à mal pour une étreinte entre les peuples.

Je me sens dérisoire pour décrire ce livre et ne peut que partager ce que ressent mon cœur en regardant sans cesse ces photos. Je ne suis pas, bien sûr, un observateur neutre : il y a trente ans, en août 1982, j’arrivais au camp de réfugiés de Chatila, à l’ouest de Beyrouth, en tant que jeune chirurgien volontaire pour l’hôpital de Gaza. Je n’avais jamais entendu parler des Palestiniens avant cette date. Peu après mon arrivée, l’Organisation de Libération de la Palestine évacuait le Liban. Tel était le prix demandé pour que s’arrêtent les bombardements intensifs du Liban et le blocus continu de Beyrouth concernant la nourriture, les médicaments et l’eau. Quatorze mille hommes et femmes valides membres de l’olp, certains d’entre eux des combattants, quittèrent les lieux en ayant reçu la garantie des puissances occidentales que la vie de leurs proches qui restaient serait protégée et épargnée. Quelques semaines plus tard, 3000 habitants du camp, sans armes, furent assassinés lors de ce qui est maintenant connu comme le Massacre de Sabra et Chatila. 

Les images du massacre restent profondément gravées dans ma mémoire ; souvenirs douloureux de corps empilés dans la rue, simples corps qui, il y a seulement quelques jours, étaient des êtres humains bien vivants, pleins de vie et d’espoirs, en train de rebâtir leurs maisons, confiants qu’on les laisserait en paix pour élever les jeunes générations après l’évacuation de l’olp. Ils y avaient les patients que nous ne pouvions sauver, ceux que l’on apportait déjà morts à l’hôpital, tous laissant derrière eux des orphelins, des veuves. Il y avait ces femmes violées avant d’être assassinées, qui laisseraient des blessures psychologiques atroces à ceux de leurs enfants qui avaient survécu. 

Visages horrifiées de familles rassemblées par des hommes armés, cette jeune mère désespérée qui tenta de me donner son enfant pour que je le mette en lieu sûr, puanteur des corps en décomposition dans les fosses communes que l’on découvrait chaque jour, autant d’images qui ne me quitteront jamais. Hurlements de femmes qui reconnaissent les leurs sous quelques lambeaux de vêtements, par une carte de réfugié, souvenirs qui me hantent.

Une question douloureuse m’obsède, à laquelle doit répondre notre génération : pourquoi sont-ils morts en tant que réfugiés ? Au bout de 64 ans, comment peut-on tolérer que la seule marque d’une identité humaine soit une carte de réfugié ? Cette question n’a pas cessé de me hanter depuis trente ans et reste sans réponse.

Ce livre est remarquable par le portrait qu’il dresse. Ces images m’ont rassuré en me montrant que les individus, les Palestiniens de Chatila, ont survécu et continueront à vivre. Je vois maintenant la vie à l’endroit même où, il y a trente ans, n’existait que la mort. Sortis de la désolation et de l’isolation, je vois les Palestiniens maintenant partenaires des communautés internationales.

Malgré les douleurs et l’injustice infligées à Chatila, l’humanité, la dignité et la beauté continuent de rayonner. En regardant ce livre, je me porte au-delà de la tristesse et de la mort, pour observer la vie.

Existe-t-il une humanité à Chatila ? Oui ! Et comme pour défier ceux qui ont tenté de les dévaliser et de les oblitérer, ils sont pleinement des hommes, emplis d’amour et de dignité. Existe-t-il une beauté dans ce camp de réfugiés où les journalistes ne perçoivent que la crasse ? Oui ! La beauté existe dans l’amour et le souci des proches, dans le sourire des enfants, dans l’éclat de leurs yeux.

Existe-t-il un espoir pour les Palestiniens ? Ils ont perdu leur pays il y a 64 ans et se sont retrouvés sur une terre étrangère qui ne leur a même pas octroyé les droits civiques les plus fondamentaux. Ceux qui vivent à Gaza ou en Cisjordanie sont en état de siège, emprisonnés derrière le Mur. A Chatila, la jeune génération est arrivée au monde dans l’ombre de ce massacre horrible. Les plaies ne sont pas soignées.

Mais l’espoir existe bien. En tant que peuple et contre tout espoir, ils ont survécu. Leurs amis et ceux qui les soutiennent sont plus nombreux de jour en jour, inspirés par leur courage et leur résilience. Lorsqu’ils se sentent las ou bien découragés, les travailleurs solidaires feront bien de regarder les visages de ce livre.

Pour ceux d’entre nous qui ont la chance de pénétrer leur vie et de recevoir leur hospitalité généreuse, notre gratitude n’a pas de borne. Nous découvrons une vraie amitié. Nous apprenons que la pauvreté et la privation ne forment pas d’obstacle à la dignité. En partageant leur lutte quotidienne, nous espérons acquérir un peu de leur courage. Lorsque l’un de leurs enfants nous prend dans ses bras, nous sentons la vie et l’espoir nous envahir. Malgré la noirceur qui les entoure, ils ont su garder la tête haute. L’obscurité ne peut cacher la lumière ; la lumière illumine toujours l’obscurité.

Le livre de Tarek Charara est une invitation à partager un peu de cette lumière de Chatila.

Dr. Swee Chai Ang, août 2012

Le docteur Swee Chai Ang est une rescapée des massacres de Sabra et Chatila en 1982.

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